Maison de l'Architecture et de l' Environnement de l'Aude (MAE)

BÂTIMENT / LOGEMENT

Les choix conceptuels élaborés pour le projet de la maison de l'architecture et de l'environnement de l'Aude sont initiés par l'héritage d'une situation particulière. Le terrain planté mis à notre disposition contenait déjà un objet construit, un parking de 56 places qui sera déplacé sur la parcelle sud qui jouxte notre terrain. Nous réaliserons alors 25 places destinées aux utilisateurs de la MAEA et 57 places destinées aux utilisateurs des archives départementales. Aussi pour limiter l'impact de notre projet sur les sols, nous avons décidé d'implanter la future MAEA sur une partie du parking existant nous conduisant à adopter une géométrie spécifique. Ce choix nous permet de conserver tous les arbres présents sur le site. Au choix préalable de construire sur le construit s'ajoute une autre décision relative au traitement des sols, nous refusons d'aménager des espaces de représentation stériles mais nous proposons la fabrication de sols utiles, des jardins de fruitiers ou de culture indigènes qui formeront l'espace public traversé par tous. Nous proposons aussi pour réaliser ce bâtiment une trame de portiques en bois dont le pas est dicté par la dimension des bottes de paille utilisées comme isolent thermique. Dans le même esprit, pour valoriser les matériaux de constructions d'une production agricole locale, nous avons décidé d'utiliser comme élément de construction le châtaigner ou l'acacias issu des bois de culture propriété du conseil général de l'Aude. Notre production est subordonnée aux ressources d'un territoire qui conditionnent notre savoir faire. Ainsi la culture technique présente et lisible dans notre projet est un choix théorique et préalable assujetti au diagnostic d'une situation héritée. Mais cette culture technique n'est pas celle de l'ingénieur qui comme le souligne Lewis Strauss dans « la pensée sauvage » : « subordonne chacune de ces tâches à l'obtention de matière première et d'outils, conçus et procurés à la mesure de son projet » mais plutôt celle du bricoleur dont « l'univers instrumental est clos, et les règles de son jeu est toujours de s'arranger avec les moyens du bord ». Si bien sûr pour nous l'architecture est une activité savante, une telle conception valorise un point essentiel : Notre pensée « doit se retourner vers un ensemble déjà constitué, formé d'outils et de matériaux ; en faire, ou en refaire l'inventaire ; enfin et surtout, engager avec lui une sorte de dialogue, pour répertorier, avant de choisir entre elles, les réponses possibles que l'ensemble peut offrir au problème qu'il lui pose ».